L'arrivée des Européens dans l'Arctique nord-américain, avec son cortège d'épidémies, de famines et de perturbations sociales causa quelques catastrophes démographiques chez des populations qui n'avaient pas encore été exposées à certaines maladies infectieuses. Dans quelques cas, des sociétés autochtones connurent un redressement extraordinaire. Cet article examine deux de ces phénomènes à l'île St-Laurent et à la petite Diomède, en Alaska, après 1880. Dans les deux cas, la survie de ces populations insulaires fut soutenue par une immigration massive d'Esquimaux sibériens venus de l'autre côté du détroit de Béring. L'intégration de ces nouveaux arrivants et le processus général de rétablissement social suivirent des voies fort différentes dans l'un et l'autre contextes. L'île St-Laurent était caractérisée par des patriclans unilinéaires tandis que la structure sociale des îles Diomède reposait sur des groupes familiaux bilinéaires, affiliés aux maisons communautaires des hommes.