De 1928 à 1939, la Compagnie de la Baie d'Hudson entretint un poste de traite à la baie Walker sur la côte nord-ouest de l'île Victoria. À cette époque, Fort Collinson était le poste le plus septentrional de tout le territoire des Inuit du Cuivre et même de tout le district de l'Arctique de l'Ouest. Situé à proximité de l'île Banks, le poste attirait le commerce, non seulement des Inuit du Cuivre résidant dans la région (les Kangiryuarmiut), mais aussi des Inuit de l'Ouest (originaires d'Alaska et du delta du Mackenzie) qui pratiquaient la trappe à l'île Banks depuis la fin des années 20. Ainsi, deux groupes d'Inuit de culture différente, les Kangiryuarmiut résidants et les nouveaux arrivants de l'Ouest, entrèrent en contact étroit l'un avec l'autre. Contrairement aux Inuit du Cuivre, les gens de l'Ouest avaient eu depuis longtemps des relations avec les baleiniers et les traiteurs canadiens et américains; ils purent donc faciliter la transition des Kangiryuarmiut vers une économie monétaire, basée sur la trappe. Par ailleurs, un autre élément marquant fut la décision du gouvernement canadien en 1918 de constituer l'île Victoria en réserve faunique pour l'usage exclusif des Inuit du Canada. Deux ans plus tard, on octroya le même statut à l'île Banks. Ainsi l'arrivée de trappeurs et traiteurs de l'extérieur fut limitée. En conséquence, l'acculturation économique des Kangiryuarmiut se fit beaucoup plus facilement qu'à l'Ouest où les Inuit du nord de l'Alaska et du delta du Mackenzie avaient vécu une expérience difficile, subissant l'exploitation des baleiniers et la propagation de maladies infectieuses introduites de l'extérieur. De la sorte, les Kangiryuarmiut purent bénéficier de l'absence de traiteurs et de trappeurs allochtones ainsi que de l'expérience des Inuit de l'Ouest qui les guidaient dans leur transition vers une économie de trappe.